Stage de formation, séminaire, retraite spirituelle ? Je ne savais pas très bien ce qui m’attendait et quels mots choisir pour dire où j’allais. Et puis j’avais longtemps hésité à répondre positivement à l’invitation de Béatrice, car moyennement intéressé par le sujet et très pris en cette fin de mois de juin par plusieurs autres priorités qui se bousculaient. Mais je voyais bien aussi que Béatrice avait longuement réfléchi et préparé cette nouvelle formule, que c’était important pour elle et pour la suite de son projet d’avoir un groupe étoffé et diversifié pour cette quasi première expérimentation. Et puis, pour moi qui ai longtemps joué au football et au rugby, « la Vista » évoquait le sens du jeu, l’intuition de la belle et longue passe qui trouvait l’ouverture « inspirée » pour un équipier, c’est-à-dire une des joies de ces sports. Alors, envers et contre tout, je me suis laissé convaincre par Béatrice et par une petite voix qui me disait qu’une pause me ferait du bien. Je ne le regrette vraiment pas ! Je pensais que 4-5 jours sur le sujet de la vérité par Maurice Zundel, même si « elle rend libre », c’était bien long, et je suis reparti heureux avec une impression de temps trop court et une envie de le prolonger. Et j’ai compris les mots qu’il faut mettre pour nommer ce moment de retraite : ce sont justement les mots que Béatrice a trouvés : « Ateliers d’inspiration » et en sous-titre « Ateliers de réflexion ». « ATELIER » parce que ce mot contient la dimension de travail, qui a été intense et profond, la dimension humaine avec des couleurs de fraternité et de compagnonnage que nous avons effectivement et chaleureusement vécue, la dimension aussi de création, parfois artistique, poétique, et souvent effectivement inspirée. Comme la présentation de la Vista précise : « Ateliers d’inspiration animés par la pasteure Béatrice Hollard Beau », je dois aussi souligner deux caractéristiques exceptionnelles de cette animation : La première est l’art d’avoir associé travail, concentration, ambiance de beauté et de simplicité, détente, excusions, bons restaurants, « Dialogue avec la vérité », pour une belle et bonne recette génératrice de joies spirituelles, amicales et matérielles, les trois à la fois pour un tout inoubliable. La deuxième est que les choses et le langage étant simples et évidents, Béatrice est non seulement également participante, mais aussi pas seule à animer : un souffle est présent entre nous et l’aide. Il vient de l’intérieur de chacun de nous, par nous, est présent entre nous pour apporter bienveillance, esprit et vie. Ce faisant, et sans les développer ici, nous comprenons petit à petit le bien fondé et la force des textes de Zundel que nous étudions avec rigueur, mais qui ne se laissent vraiment comprendre que par « expérience », ce que nous vivons dans notre petit groupe. Autrement dit nous est dévoilé le Dieu personnel & intérieur de Zundel, ce Dieu que nous cherchons à connaître en montant vers lui, alors que c’est lui qui nous connaît en vérité, mieux que nous-mêmes, et descend en nous. Cette inversion dont nous prenons consciences en la vivant, est pourtant bien connue des protestants, (et pas que…), puisque déjà Calvin disait au début de son introduction de « L’Institution chrétienne » que « toute la somme de notre sagesse, laquelle mérite d’être appelée vraie et certaine sagesse, est quasi comprise en deux parties : à savoir la connaissance de Dieu et de nous-mêmes » et un peu plus loin il rajoute : il n’est pas aisé de savoir celle qui vient avant l’autre. Oui nous savions cela intellectuellement, mais l’expérience vécue dans cet « atelier » nous apporté une petite lumière d’expérience que nous emportons dans nos bagages, certains qu’elle va grandir si nous voulons ne pas l’éteindre. Bagages devenus par ailleurs très lourds, puisque selon les mots de Zundel en conclusion de notre « temps de pause », nous y emportons « non pas la vérité qui peut être mise sous vitrine, mais la vérité qui est une présence, une présence que l’on ne peut découvrir que lorsqu’on est devenu soi-même une présence, une ouverture, un espace, une générosité ».
Alors oui, « Hasta la vista» ! chers Béatrice, Brigitte, Cécile, Fanja, Renato, en souvenir de ces expériences de pure vérité partagée, selon Zundel, qu’ont été aussi nos émerveillements lors de notre excursion dans les splendides montagnes espagnoles au-dessus de St Jean de Luz, ou dans l’intime crique de Guethary, ou au bout du bout de la jetée du port de Ciboure dans la lumière de la nuit d’un ciel voilé-étoilé. Longue vie à « La Vista » ! Sola Gratia.