A travers plusieurs grands auteurs théologiens et philosophes, chrétiens (Ebeling et Kierkegaard) et juif (Levinas).

Ebeling : Du « Coram », être devant la face de l’autre, de son visage et/ou de Dieu, où « ma présence est alors déterminée par la présence d’un autre ». Je m’expose alors à son jugement qui crée une relation, une relation de langage. « Toute la création est son masque [de Dieu] ». Dieu se cache en nous et chacun cache en soi la Parole de Dieu. « Être une personne (…) signifie remplir la charge que Dieu nous confie face au monde. ». Nous sommes porte-voix (masque).

Levinas : « Mais, cette relation du coram est aussi la nudité la plus nue, le « sans défense » et « sans ressource » même, le dénuement et la pauvreté de l’absence qui constitue la proximité de Dieu – la trace ». La proximité de Dieu infini s’exprime dans les visages. Le visage est lieu de Dieu. Le Coram Deo passe par l’autre. Au fond de chacun, quelque soit sa pauvreté, il y a une merveille, car la présence divine est en nous. Or notre tentation naturelle est de dominer l’autre par notre pensée, de l’englober : « Il y a par conséquent dans le visage d’Autrui la mort d’Autrui et ainsi, en quelque manière, incitation au meurtre, la tentation d’aller jusqu’au bout, de négliger complètement autrui – et en même temps, et c’est ça la chose paradoxale, le Visage est aussi le « Tu ne tueras point » (…) ». Parce que Dieu existe et qu’il retient ma main. « C’est un ordre » de Dieu, première parole du Visage. Et « pourtant en même temps, le visage d’autrui est dénué ; c’est le pauvre pour lequel je peux tout et à qui je dois tout ». Je lui dois justice, dans un esprit désintéressé et dans l’idée de responsabilité pour l’autre homme. C’est le témoignage ultime du « Me Voici » devant autrui.

Kierkegaard : Dans le face à face de l’homme (de l’humanité) et du Christ (Homme Dieu), le Christ se révèle comme un signe de contradiction (« incognito ») qui « rend manifeste les pensées de notre cœur ».  « C’est la décision libre du Christ, de tout éternité, de vouloir être incognito ». Il n’a pas de stratégie planifiée par la transmission de sa parole de dire qui Il est. Sa communication n’est pas directe, car impossible mais indirecte, c’est-à-dire qu’il laisse libre choix à l’homme d’adhérer sans qu’on le lui impose. En cela le Christ s’est réduit à zéro pour nous confronter à un choix libre « Veux-tu croire en moi ou Non ? » ; et c’est en cela que le Christ est signe de contradiction. Il ne peut même pas exprimer le secret de ses souffrances et personne ne pourra connaitre la souffrance du Christ. Sa croix doit être scandaleuse pour que je puisse dire je crois au Christ, et passer du je sais au je crois. « La possibilité du scandale, situation par laquelle on commence, est au sens le plus profond, l’expression du fait de rendre attentif ou d’exiger d’un homme la plus grande attention possible par rapport à la décision de devenir croyant ». « La foi est un choix, nullement une réception directe … et celui qui la reçoit est celui qui révèle s’il veut croire ou se scandaliser. »

Merci encore mille fois à Béatrice pour son accueil, sa persévérance et son élévation pour nous avoir entrainé à sa suite dans cette belle aventure du Face à Face.